Les fondamentalistes en Pologne : le rapport sur Ordo Iuris et « C’est la guerre » de Klementyna Suchanow

Deux publications importantes interviennent en même temps pour faire la lumière sur l’influence grandissante des fondamentalistes en Pologne : le livre très attendu de Klementyna Suchanow « C’est la guerre » aux éditions Agora et le rapport par La Grande Coalition pour l’Egalité et le Choix (WKRW), « Contre révolution culturelle et religieuse. La Pologne est-elle menacée par une loi subordonnée à l’idéologie des fondamentalistes ? ».

La Grande Coalition pour l’Egalité et le Choix (WKRW) publie une étude détaillée sur les activités manipulatrices de l’Ordo Iuris, une lecture obligatoire pour les femmes et les minorités sexuelles menacées plus que jamais en Pologne. Mais aussi un manuel utile pour tous ceux qui se soucient des droits, de l’égalité et de la démocratie, qui s’insurgent contre un langage de haine proféré largement par les membres du gouvernement, une partie du clergé et par les médias publiques. La coalition  WKRW rassemble près de 100 ONG de défense des droits de l’homme, dont l’ADDP.

https://www.wielkakoalicja.pl/category/ordo/publikacja-ordo/?fbclid=IwAR2tNEqh319fCUdvkOaSQJbjwOaqcfTXzsiDqGzUmojQe8YrP6XMFPgE-uY

C’est la guerre
Les femmes, les fondamentalistes et le nouveau Moyen Âge

Klementyna Suchanow, auteur de la célèbre biographie de Witold Gombrowicz, prouve à travers son livre que le corps des femmes est devenu l’objet d’une lutte politique globale pour le destin du monde, ce qui rappelle de plus en plus Gilead de « The Casual Story ».

Le livre sur les réseaux d’extrême droite en guerre contre les droits des femmes, déjà un bestseller en Pologne, retrace également l’histoire du grand mouvement de la Grève des femmes.

Invitée de l’ADDP, l’écrivaine et militante des droits des femmes était à Paris en janvier 2020 et a pris part à la table ronde organisée le 24 janvier à l’occasion du congrès annuel des Médecins du Monde.

 

Photo Agata Kubis / OKO.press

Présente sur plusieurs fronts pour la défense des droits et des valeurs de la démocratie, en première ligne parmi les femmes manifestant contre les mouvements ultranationalistes qui se renforcent en Pologne et dans le monde depuis plusieurs années, Klementyna Suchanow à raconté l’histoire du mouvement des femmes et sa recherche, quelquefois nécessitant une infiltration quasiment clandestine, dans les milieux tels que World Family Congress à Vérone, évènement exlusif auquel elle a participé.

« Depuis quelques années les mouvements qui s’attaquent aux droits des femmes et spécifiquement au droit à l’avortement sont rejoints par les mouvements anti LGBTI ou anti migrants. Il ne s’agit plus d’un combat isolé mais d’une lutte globale pour les droits humains. A partir de ce constat, une mise en perspective sera proposée de la montée en puissance des mouvements ‘anti-genre’ depuis 10 ans, au regard de l’accès aux DSSR (les droits et la santé sexuels et reproductifs ) »  / Médecins du Monde

Les femmes polonaises ont fait reculer à plusieurs reprises le gouvernement qui voulait encore réduire le droit à l’IVG. Le 3 octobre 2016, des milliers des femmes habillées en noir sont sorties dans les rues. C’est le lundi noir. La grève nationale des femmes s’exprimait contre la prise en compte par le parlement d’un projet de loi « Stop à l’avortement », déposé par une organisation pro-life Ordo Iuris. (lire plus ci-dessous)

Table ronde animée par Fanny Marlier (Les Inrockuptibles) avec Eric Fassin, sociologue, Jeanne Hefez, conseillère auprès de l’ONG américaine Ipas, membre du conseil consultatif de la préparation du sommet de 25 années de la conférence sur les droits des femmes à Pékin, Véronique Séhier du Planning Familial et Klementyna Suchanow, militante de La Grève des Femmes (Strajk Kobiet, Pologne).

Organisation de la visite de Klementyna Suchanow à Paris : ADDP – Café Polska Europa, avec le soutien de l’Association Solidarité France Pologne.

Nous remercions chaleureusement pour sa contribution notre ami Stefan Bekier, traducteur.

Photo Agata Kubis / OKO.press, photojournaliste qui documente les événements liés à la communauté féministe et LGBT.

La grève des femmes, manifestation noire

Le 3 octobre 2016, des milliers des femmes habillées en noir sont sorties dans les rues. C’est le lundi noir. Largement spontanée, la grève nationale des femmes  s’exprimait contre la prise en compte par le parlement d’un projet de loi « Stop à l’avortement », déposé par une organisation pro-life Ordo Iuris, tandis qu’un autre projet, du collectif « Sauvons les femmes » et autorisant l’avortement, était rejeté. Après « étude » et surtout de nombreuses manifestations,  la loi déposée par Ordo Iuris a finalement été écartée. Puis le gouvernement a présenté un autre projet quelques mois plus tard, toujours anti IVG, et cette fois encore il a dû reculer devant les « manifestations noires » des femmes.

Ainsi est né ce mouvement auquel a participé dès l’origine Klementyna Suchanow, écrivaine.

Le mouvement « La grève des femmes » s’est internationalisé en 2017 (« La grève Internationale des femmes »).  Il a pris conscience de sa propre force et les femmes ont pris l’habitude de sortir dans la rue pour défendre ce qui leur semble important pour elles, pour les enfants, pour la Pologne : leur santé et leur liberté de choix, les droits des personnes LGBT et mariage pour tous, les droits des personnes handicapées… Elles participent aux contre-manifestations organisées en réaction à l’appropriation de l’espace public pour les prières dans les rues de Varsovie pour la commémoration de la catastrophe de Smolensk ; elles font front face aux marches nationalistes chaque année le jour de la Fête de l’Indépendance ; elles défendent la liberté des tribunaux et la Constitution mises en cause pour le pouvoir. Dans la Pologne dominée par les ultraconservateurs du PiS, l’engagement des femmes est devenu une des principales forces contestatrices, leurs organisations essaiment à travers le pays, en créant des réseaux d’aide et de conseil, un maillage du territoire.

Une émission de Radio Kapital : Women’s Plaining, toutes deux semianes les femmes expliquent le monde. Avec Klementyna Suchanow (en polonais).

https://www.facebook.com/klementyna.suchanow

Klementyna Suchanow o swojej nowej książce

To nie Klementyna Suchanow ogłasza wojnę, tytułując swoją nową książkę "To jest wojna. Kobiety, fundamentaliści i nowe średniowiecze". To religijni fundamentaliści używają tego stwierdzenia. "Nie miejmy więc złudzeń i nazywajmy rzeczy po imieniu" – mówi Autorka. Posłuchajcie, dlaczego zdecydowała się poświęcić kilka lat, by napisać książkę "nieprzyjemną", dodajmy: odważną, potrzebną i porywającą. Dziś jej premiera, szukajcie w księgarniach lub zamówcie: http://bit.ly/ToJestWojnaSuchanow #ToJestWojna #WolnośćSamaSięNieObroni Ogólnopolski Strajk Kobiet

Publiée par Wydawnictwo AGORA sur Mercredi 26 février 2020

A lire aussi sur ce site : http://www.democratie.pl/la-longue-marche-des-femmes-polonaises/

Comité « Sauvons les femmes » – Prix Simone de Beauvoir 2017