Écoutez le podcast réalisé par Lina « Les élections présidentielles à l’heure du Covid-19
# Episode 1 : L’élection présidentielle polonaise, à l’heure de Covid
Introduction
15 mars. Malgré les premières marques d’une épidémie nommée Covid19, les citoyens français sont invités à se rendre aux urnes. A ce moment là, 2 800 cas ont été recensés dans le pays, et 12 décès ont été déclarés. Mais le gouvernement ne baisse pas la garde : les municipales seront bien maintenues.
Quelques semaines après, une situation similaire semble se dessiner en Pologne.
Je m’appelle Lina Fourneau et vous écoutez le tout premier épisode de Paris-Varsovie. Ensemble nous allons parler d’un virus qui contamine les urnes à travers l’Europe. Cette discussion ne prétend en rien faire des comparaisons, mais à écouter la voix de la Pologne, au moment même où une loi anti-constitutionnelle est en train d’être votée au sein de son Parlement.
Si l’Italie a connu le taux épidémique le plus grave, dépassant au 23 mars le stade des 4 000 morts, tous les pays européens ont été touchés, prenant chacun son rythme des dispositions pour endiguer le virus. En France, l’Elysée a finalement pris la mesure d’un confinement le 16 mars au soir, après avoir été critiquée de maintenir le premier tour des élections.
Madrid, Lisbonne, Londres tardivement, les mesures de confinement s’enchaînent. Mais qu’en est il des pays plus à l’Est qui connaissent également des cas de contamination et une fragilité des systèmes de santé. Dans cet épisode, nous vous emmènerons en Pologne où le parti conservateur Droit et Justice ( PiS) a trouvé en cette épidémie une nouvelle manière d’établir une politique nationaliste et de renfoncer son pouvoir et celui des autorités. Pour le moment, les membres du parti continuent d’imaginer le maintien des élections présidentielles du mois de mai, sans vraiment prendre les mesures du risque sanitaire derrière.
Voici les questions auxquelles nous avons tenté de répondre avec nos interlocuteurs, Joanna Lasserre, Piotr Moszynski et Maria Popczyk :
1/ Le maintien des élections, quelles stratégies du gouvernement et du PIS ? Quelle forme prend la communication du gouvernement lors de cette campagne très particulière ? Pourrait-on finalement dire que le gouvernement utilise cette crise pour contrôler le pays par exemple via les règles exceptionnelles sur « l’état d’épidémie » ?
2/ Que se passe-t-il au niveau du vote de la modification de la loi électorale ? Quels sont les scénarios à imaginer pour la suite ? Le président et le gouvernement se défendent devant l’introduction de l’état de catastrophe naturelle qui impliquerait l’annulation des élections de mai. La loi modifiant le texte sur le vote est débattue : les Polonais voteront-ils par courrier ?
A-t-on une idée de comment ce recensement va s’organiser ? Quid des cas qui vont être détectés juste avant l’élection ? Le vote à l’étranger ?
Est-ce une façon déguisée de modifier les procédures du vote, ce qui serait contraire à la Constitution ?
3/ Quel impact de ce vote sur l’opposition?
Les spécialistes montrent que la tenue des élections pourrait jouer en faveur du président sortant, avec 65% des intentions de vote, alors qu’une élection à l’automne donnerait du poids à l’opposition. Est-ce que cette date peut vraiment faire la différence pour un second mandat ?
72 % des polonais interrogés souhaiteraient le report des élections, pourtant un code électoral vient d’être modifié ? Qu’est ce qu’il indique et qu’elles sont les nouvelles limitations pour la démocratie qu’il introduit ?
Les messages des candidats démontrent-ils certains désaccords au sein de l’opposition. Une stratégie commune sera-t-elle envisageable ? N’était-ce le but inavoué de Kaczynski, qui persiste à ignorer les alertes auprès du gouvernement sur les risques sanitaires, est-ce que cela montre une nouvelle fois un problème de gouvernance du parti majoritaire et de son président ?